Episode 6 - Les scènes de cinéma…au cinéma
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Ça n’arrive qu’au cinéma ! Vous voulez savoir comment le septième art se joue de la réalité pour le plaisir du récit ou de la mise en scène ? Redécouvrez les scènes cultes de vos films favoris avec notre fact-checking cinéphile. En collaboration avec la rédaction de TroisCouleurs.
Même quand il nous parle de lui - de ses coulisses, de ses trucages - le cinéma continue de ruser, de tricher, de mentir. Acteurs qui pleurent comme des madeleines, films dans le film et expériences immersives loufoques… la preuve en 4 exemples qui aliment les mythes autour du septième art.
1. LES ACTEURS SAVENT PLEURER SUR COMMANDE
La scène : Dans La Vérité de Hirokazu Kore-eda, Catherine Deneuve interprète une star de cinéma orgueilleuse, qui vient de publier ses mémoires. Sur le tournage de son nouveau film, elle fait équipe avec une jeune comédienne très douée (Manon Clavel), qui parvient systématiquement à pleurer sur commande. Galvanisée par cette compétition, Catherine Deneuve finit par verser des larmes de crocodile lors d’une séquence cruciale du film. Une performance poignante, digne de l’Actors Studio, saluée par toute l’équipe du film.
Le mensonge : S’il est possible pour de nombreux acteurs de pleurer à volonté par la seule force de leur esprit – par exemple en se remémorant un moment triste de leur vie - d’autres ont besoin de coups de pouce. Steve Biggs, président de la société américaine Special Effect Supply (qui fournit des kits d’effets spéciaux pour le cinéma), explique en interview à DesertNews qu’il existe plusieurs techniques pour transformer un acteur en fontaine vivante, et boucler la scène au plus vite. On trouve ainsi des bâtons de menthol, reconditionnés dans un tube de rouge à lèvres. Ils diffusent une sensation piquante de froid, semblable à celle que peuvent provoquer des pastilles contre la toux. Il suffit d’appliquer le tube sur la peau, à proximité des yeux, et le tour est joué. Plus technique, on trouve aussi une sorte de poire à larmes, que l’on actionne pour souffler un nuage de menthol au niveau des yeux de la personne qui joue. Sinon, il reste la bonne vieille méthode de l’arrachage de poil de nez avec une pince à épiler, rappelle Biggs.
Où voir le film ? Il est disponible en location sur MyCanal
2. LES FILMS PROJETÉS DANS LES FILMS
La scène : À la fin d’Inglourious Basterds de Quentin Tarantino (2009), un film de propagande nazie intitulé La Fierté de la Nation (Stolz der Nation) est projeté dans le cinéma de Shosanna (Mélanie Laurent). Censé être produit par Joseph Goebbels, ce court-métrage met en scène le courage et l’abnégation d’un soldat nazi (Daniel Brühl). La séance est l’occasion d’un carnage final : Shosanna met le feu au cinéma afin de décimer l’assemblée de nazis.

Le mensonge : Réalisatrices et réalisateurs adorent multiplier les mises en abîmes vertigineuses, mettant en scène des personnages qui, tels les spectateurs, se rendent dans des salles obscures : on pense à Nanni Moretti dans Le Caïman, ou encore David Lynch dans Lost Highway. Mais bien souvent, les œuvres projetées sont fictives. Ainsi, les extraits de La Fierté de la Nation sont issus d’un faux court-métrage de six minutes, entièrement réalisé pour l’occasion par l’acteur Eli Roth. Le tournage a nécessité 300 figurants et 3 jours de prises de vues. Quentin Tarantino a poussé l’illusion jusqu’à faire un faux making-of des coulisses du film, intégré dans les bonus DVD.
Où revoir ce film ? Il est disponible sur Netflix
3. QUAND LE CINÉMA SE FAIT DES FILMS
La scène : Dans Ave, César ! (2016), Joel et Ethan Coen parodient avec mordant les coulisses des studios hollywoodiens de 1951. Entre deux pastiches de western ou de comédie musicale, le spectateur suit le quotidien du producteur Eddie Mannix (Josh Brolin). Dans une séquence, une monteuse qui fume comme un pompier (Frances McDormand) lui montre les rushes d’un film. Son écharpe est alors attrapée par les mécanismes de la table de montage, la bobine s’arrête brusquement. La chaleur de la lampe qui éclaire le film brûle une image de la pellicule qui commence à fondre.

Le mensonge : Mis à part un sacré torticolis pour la monteuse, la scène serait en réalité beaucoup moins spectaculaire. Comme le relève IMDB, les lampes utilisées sur les bancs de montage étaient beaucoup moins puissantes – et dégageaient donc beaucoup moins de chaleur – que celles utilisées dans les cabines de projection. Pas de quoi faire fondre la bobine. Toutefois, si l’histoire s’était passée un an plus tôt, en 1950, les choses auraient pris un tour beaucoup plus dramatique. À l’époque, on utilisait des pellicules de 35 mm, composées de nitrate de cellulose. Comme le rappelle un article britannique publié par le Science + Media Museum, ce matériau hautement inflammable, connu pour se décomposer avec le temps et devenir toxique, pouvait s’embraser très facilement et dégager des fumées nocives. Par exemple au contact d’une faible source de chaleur ou d’étincelles. Fumer une cigarette aussi près des bobines, c’était l’incendie assuré. Ce n’est qu’en 1951 qu’on abandonna progressivement ce type de films, au profit de la pellicule acétate, moins inflammable.
Où voir le film ? Il est disponible sur MyCanal
4. LE TOUCHORAMA EST L’AVENIR DU CINÉMA
La scène : Dans son film à sketches loufoque Hamburger Film Sandwich (1977), John Landis s’amuse à orchestrer des détournements de clips publicitaires, des parodies de films et des faux reportages, dans le but de dézinguer le consumérisme américain et l’industrie culturelle. Dans une scène hilarante, un jeune homme se rend dans un cinéma où est projeté See You Next Wednesday en « touchorama » - une expérience immersive qui permet de ressentir ce qu’il se passe à l’écran. Un ouvreur se place derrière et lui, et traduit les actions du film : le spectateur est alors aspergé de parfum, étouffé par la fumée d’une cigarette, secoué comme un pantin, et même menacé d’un couteau sous la gorge.
Le mensonge : Fort heureusement, une telle expérience traumatisante n’existe pas en salles. Ici, John Landis caricature des procédés que l’on retrouve dans certains parcs d’attractions, ou la technique peu répandue de « l’odorama », un dispositif expérimental qui consiste à activer le système olfactif du spectateur en lui proposant des films parfumés. Pendant la séance, celui-ci dispose d’une carte munie de numéros à gratter, pour activer des odeurs qui correspondent à ce que sentent les personnages du film projeté (cette vidéo de Criterion résume le processus de fabrication). Ce petit gadget a notamment été utilisé par John Waters en 1981, pour son film Polyester et sa célèbre fragrance d’excrément, ou plus récemment pour La Saveur de la Pastèque de Tsai Ming-Liang, et son arôme « Poils et larmes ». Contrairement à la séance en touchorama de Hamburger Film Sandwich, ces projections aromatiques sur-mesure sont inoffensives. Mais on n’en veut pas à John Landis, cette exagération burlesque permet de souligner avec ironie les inventions parfois délirantes de l’industrie cinématographique.
Où voir le film ? Il est disponible sur Filmo TV

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