ÉPISODE 20 – Les géniaux opérateurs de drones sur Ambulance
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La scène :Traqués par les forces de l’ordre, deux braqueurs, une infirmière et un policier blessé foncent sur les routes de Los Angeles, semant le chaos sur leur passage.
En collaboration avec le magazine TroisCouleurs, découvrez un métier du cinéma, en explorant les coulisses d’une scène culte. Pour ce numéro, nous partons à la rencontre des pilotes de drones Jordan Temkin et Alex Vanover, qui, sous la supervision de Davis DiLillo, ont offert à la caméra du réalisateur Michael Bay une liberté de mouvement totalement inédite au cinéma. Ils nous parlent de leur expérience.
Par Julien Dupuy
LEURS DÉBUTS
Jordan : J’ai étudié la photographie à l’université, et à cette époque, j’ai fait beaucoup de "photographie d’aventure" qui consiste à filmer des athlètes de sports extrêmes ou des environnements difficiles d’accès. Dès 2013, je me suis spécialisé dans les drones, un outil que j’ai trouvé fun et surtout très prometteur.
Alex : Depuis mes neuf ans, je suis passionné par tous les objets radiocommandés capables de voler. En 2011, j’ai découvert les drones : c’était d’abord un hobby, jusqu’à ce que je décide de rentrer dans des compétitions de pilotes professionnels. J’ai remporté des concours nationaux, puis mondiaux.
Jordan : Alex et moi, nous nous sommes rencontrés dans le milieu des tournois de drones, en courant l’un contre l’autre. C’est une activité que j’ai définitivement abandonnée aujourd’hui.
Alex : Les victoires que j’ai remportées et les vidéos que je postais sur Internet m’ont offert une excellente exposition. C’est ainsi que Davis DiLillo, de la société Lightcraft, m’a découvert en 2020 et m’a proposé de travailler à ses côtés. Nous avons fait un court-métrage pour Aston Martin, et quelques publicités. Aujourd’hui, droniste dans l’audiovisuel est mon activité principale, même si je continue à participer à des courses. Pour moi, c’est dans l’audiovisuel que se déploie l’usage le plus intéressant des drones, et ce sera encore le cas dans les 10 ou 15 années qui viennent. J’aime le fait qu’il faille se surpasser pour obtenir tous ces plans et que l’on doive faire face à une compétition féroce. Au cinéma, la pression est bien plus grande que sur les publicités ou les clips. Et personnellement, j’adore travailler sous pression. Et puis, quand on travaille pour le cinéma, on sait que nos images seront vues sur grand écran par énormément de gens. C’est extrêmement satisfaisant.
UN NOUVEAU LANGAGE
Alex : Quand Davis m’a dit que nous allions travailler sur Ambulance, je m’apprêtais à me marier et je savais que je ne pourrais pas assurer le début du tournage. J’ai donc proposé que l’on fasse appel au meilleur droniste que je connaissais, à savoir Jordan. De plus, Jordan venant de la photographie, il allait pouvoir beaucoup m’apporter en termes d’image, ce que je maîtrisais moins bien. Davis était le coordinateur de notre équipe : il devait nous traduire ce que voulaient Michael et son directeur de la photographie, et vice-versa. Nous pilotons des drones FPV [Le FPV est un petit drone extrêmement rapide, qui se pilote à l’aide d’un casque similaire à ceux de réalité virtuelle : le casque offre au pilote une vue subjective du drone, grâce à sa caméra embarquée. Une seconde caméra, fixe, capte les plans qui seront utilisés dans le film - NDLR].
Le FPV est très nouveau dans l’industrie du cinéma, donc au début du tournage ni Michael, ni son directeur de la photographie ne savaient exactement ce que nous pouvions ou ne pouvions pas faire.
Jordan : Le mariage entre le FPV et Michael Bay est un rêve devenu réalité : Bay est connu pour sa façon de faire bouger sa caméra, et le FPV lui ouvre un tout nouveau champ des possibles. Au début, Michael Bay n’était pas extrêmement spécifique dans ses demandes : la façon dont un FPV se déplace et, par conséquent, les plans que l’on obtient, sont si atypiques, qu’il lui était compliqué de savoir exactement ce que nous allions lui rapporter. Mais Michael apprend très vite et il a pu rapidement formuler des demandes plus précises.
Alex : Et même si vous n’obtenez pas exactement ce qu’il recherche, ça n’est pas la fin du monde parce que Michael aura douze autres caméras qui filment en même temps que la vôtre ! [rires]
Jordan : Nous explorons encore les possibilités du FPV. Il faut savoir qu’un FPV peut aller jusqu’à 150 km/heure, et aucun plan d’Ambulance ne va aussi vite. Il faut encore trouver le langage cinématographique qui pourra pleinement utiliser le potentiel de ce genre de drone.
DANS LE CHAOS
Jordan : On a eu quelques crashs, mais on s’y était préparés. Quand on projette un drone au milieu d’explosions ou de collisions de voitures, on ne s’attend pas à récupérer l’engin intact. Mais on a été surtout étonnés de voir à quel point les drones étaient résistants, ou du moins à quel point leur vitesse les préservait du pire. Mais c’est aussi l’une des beautés des drones : ils sont plutôt bons marché comparativement au reste des caméras utilisées pour le cinéma. Donc il est possible d’en sacrifier quelques-uns sans plomber son budget.
Alex : En ce qui me concerne, le plus difficile sur Ambulance était de réussir à garder mon calme. Il se passe énormément de choses sur un plateau de Michael Bay et le FPV est rarement la seule chose qui vole, il y a toujours au moins un hélicoptère dans le coin ! Et puis il y a des choses à filmer qu’il ne faut pas louper : par exemple, certaines explosions ou certaines cascades ne pouvaient être effectuées qu’une fois. Ensuite, il faut toujours donner la primeur à l’image et non au déplacement du drone, ce qui n’est pas forcément quelque chose de naturel quand on vient de la course. Il y a un plan dont je suis particulièrement fier dans lequel le drone file à travers une structure en béton, pour passer sous une voiture qui fait un bon dans l’air. Or Michael m’avait dit que je n’aurais qu’une seule chance de réaliser ce plan. Il fallait que je sois parfait dès le premier coup ! C’était d’autant plus stressant que derrière la voiture qui effectue ce saut, il y avait deux autres voitures qui filaient à toute allure et personne ne m’avait prévenu ! J’ai donc dû ajuster le plan en direct, pour voler au-dessus d’elles dans un plan aussi gracieux et lisible que possible.
LIMITES
Jordan : Il est difficile de savoir quel plan vous obtiendrez exactement au final quand vous pilotez : comme vous êtes immergé dans l’image, la notion de cadre tend à disparaître. De plus, le vol du drone correspond forcément à l’image finale captée. Donc vous devez à la fois prendre en considération le trajet du véhicule et le mouvement de la caméra. Parfois, il faut faire des compromis. Ça demande une concentration intense. Pour s’assurer que nous allions avoir le bon cadre, nous avons apporté deux modifications aux FPV : en premier lieu, on s’est assurés que la caméra du drone soit la plus proche possible de celle de la caméra qui filme le plan. La seconde chose, c’est que nous avons tracé les lignes du cadre 2.35 dans les lunettes du casque. Ça manque encore de précision, mais c’est déjà très efficace.
Alex : La plus grosse contrainte de nos drones concerne leur autonomie. Ce sont des appareils relativement lourds, petits et qui vont très vite. Ils sont par conséquent très gourmands en énergie et parfois vous épuisez les batteries en 90 secondes ! Autrement dit, vous ne pouvez pas lancer le vol de l’appareil et attendre que l’équipe soit prête pour filmer : il faut tourner immédiatement.
Jordan : Il faut aussi savoir gérer l’environnement dans lequel on travaille, c’est également à ça que l’on reconnaît un bon droniste. Par exemple, si un drone vole à proximité d’une explosion, vous devrez gérer des turbulences, ce qui aura un impact sur l’image captée. Cela étant dit, les FPV sont suffisamment rapides pour rester relativement stables.
MICHAEL BAY
Alex : J’ai adoré travailler avec Michael, il est intense. Il est connu pour crier énormément sur ses tournages et il faut apprendre à ne pas prendre tout ce qu’il dit personnellement. Et même s’il était avare en compliments, je voyais parfois qu’il demandait à revoir encore et encore certains de mes plans sur le moniteur de contrôle, avec un immense sourire aux lèvres. Certains jours l’ambiance était très stressante, mais je retravaillerai avec lui dès que possible. Sur le plateau, les gens de l’équipe me disaient : "Tu n’as pas de chance, ton premier film est un Michael Bay. Tout ce que tu feras ensuite va te sembler ennuyeux !" [rires]
Jordan : Michael transpire l’amour du cinéma par tous les pores de sa peau. C’est très contagieux. Il nous a vraiment poussés et il a pleinement embrassé notre outil. Nous, les dronistes, sommes des débutants dans le milieu du cinéma. Et quand on a la chance de travailler avec un réalisateur comme lui, notre métier fait un bon phénoménal en termes de qualité. On a énormément appris à ses côtés.
ET DEMAIN ?
Jordan : On a des tonnes de projets actuellement. Davis n’a pas pu assister à cette interview car il est débordé. Et si vous veniez dans nos locaux, vous verriez de nouveaux prototypes de drones partout ! Nous sommes au tout début de ce corps de métier et l’avenir s’annonce enthousiasmant.
Special thanks to Davis DiLillo
Pour aller plus loin
Le site officiel de la société de Davis DiLillo, Lightcraft.
https://lightcraft.tv/
Une featurette dédiée au travail des dronistes sur Ambulance, dans laquelle vous pourrez voir Alex Vanover et Jordan Temkin au travail (en anglais non sous-titré).
https://www.youtube.com/watch?v=Y7fOHLDN8Y4
Un long sujet du vidéaste Potato Jet sur Lightcraft et Ambulance (en anglais non sous-titré).
https://www.youtube.com/watch?v=1Ka88r5bTuY
Alex Vanover est très présent sur la toile. Outre sa page Instagram, vous pouvez admirer ses exploits sur sa chaîne YouTube.
https://www.youtube.com/channel/UCV5_FNKj1x-EB4dGTUTltHA
L’excellent collectif de vidéastes de M. Bobine a consacré deux épisodes indispensables au cinéma de Michael Bay.
https://www.youtube.com/watch?v=G_HqmnH2XyI
Michael Bay ne manque pas d’humour et le prouve avec cette publicité (en anglais non sous-titré).
https://www.youtube.com/watch?v=yj9yt1M7S-8
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