ÉPISODE 4 – La cascade du coffre-fort roulant de Fast and Furious 5
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La scène : Au volant de leurs puissants véhicules, Dom et Brian assurent un casse flamboyant, en tractant un coffre blindé monumental, qui va tout détruire sur son passage.
En collaboration avec le magazine Troiscouleurs, découvrez un nouveau métier du cinéma, en explorant les coulisses d’une scène culte. Ici, on vous présente le travail de Jack Gill, chef cascadeur sur Fast and Furious 5.
_Par Julien Dupuy
Le roi de la casse
C’est le grand credo du réalisateur Justin Lin quand il se lance dans la réalisation du cinquième opus de la saga Fast & Furious : pour ce nouveau film, porté par un budget et des objectifs bien plus importants que les précédents épisodes, le jeune cinéaste impose à toute son équipe de concevoir les scènes d’action au maximum en direct, sur le plateau de tournage même.
Le premier chef de poste impacté par cette décision est incontestablement Jack Gill, l’un des plus grands cascadeurs de sa génération. C’est l’homme de la situation. Car Gill a pris pour habitude de détruire des carcasses de voiture depuis ses débuts devant la caméra, alors qu’il tournait sur la série Sherif, fais-moi peur. Et il aura bien besoin de sa longue expérience en matière de tôle froissée pour le climax de Fast & Furious 5.
Coffre en folie
Le grand final du blockbuster s’articule autour d’une configuration inédite dans l’histoire de la cascade automobile : le casse organisé par l’équipe de Toretto consiste à faire tracter par deux voitures parfaitement coordonnées, en plein cœur de Rio, un monumental coffre-fort.
Ce concept très excitant sur le papier, pose deux soucis à Gill : il faut, en premier lieu, que les deux pilotes des voitures soient parfaitement synchros. Mais il faut aussi, et surtout, parvenir à maitriser le coffre lui-même. C’est donc très logiquement sur ce cube d’acier que les cascadeurs vont focaliser leur attention, durant les quatre semaines de préparation nécessaires à la séquence.
L’indomptable
Jack Gill décide de construire sept coffres différents, chacun étant destiné à accomplir une action particulière. Ce coffre-fort est donc une pure création cinématographique, dans la mesure où il est un mélange de trucages hétéroclites, réunis en un tout cohérent par le montage et la mise en scène.
L’objet infernal existe tout d’abord dans une forme très proche de la réalité : il est construit d’une pièce, en acier, pèse 3,6 tonnes et est réellement tracté par deux voitures. Ce modèle sert au tout début de la séquence, quand Dom et Brian arrachent le coffre du sol et le trainent dans un parking souterrain. On équipe le coffre d’un socle en plastique dur, qui lui permet de glisser plus facilement sur le béton, chose indispensable pour effectuer les actions requises dans ce décor exigu.
Les Rapides et les Furieux
Mais ce socle est absent pour le reste de la scène, afin que le frottement de l’acier sur le bitume génère de magnifiques jets d’étincelles. Forcément, la trajectoire des deux véhicules tracteurs doit être calculée au cordeau pour définir aussi précisément que possible le parcours de cette masse d’acier à l’inertie très importante.
La marge d’erreur reste importante : si l’équipe de Gill parvient à prévoir au mètre près la trajectoire du coffre lors de la destruction d’une devanture de magasin (construite pour l’occasion), le cube échappe en revanche partiellement à leur contrôle dans une série de plans où il détruit des plots de béton plantés sur le bas coté. L’usage de cette version du coffre est donc très dangereux et par conséquent, limité.
Coup de chaud et sang froid
Viennent ensuite les scènes dans lesquelles cette énorme masse métallique doit effectuer des actions très précises, à proximité de voitures en mouvement et de cascadeurs.
Deux options sont envisagées. Pour les quelques plans qui montrent le cube glisser à toute vitesse sur la route, Gill se procure un pick-up dont il découpe la remorque, et construit autour du véhicule ainsi obtenu un coffre sans fond. En choisissant l’angle de prise de vue, les roues du pick-up, qui dépassent en bas de ce cube partiel, restent invisibles.
Cette solution présente néanmoins un énorme inconvénient, parce que la séquence est tournée sous le soleil brésilien. Le conducteur du véhicule surchauffé, Henry Kingi, manque d’oxygène et risque à plusieurs reprises de s’évanouir. On finit par lui faire porter un casque spécial, relié à un gros tuyau l’alimentant en oxygène frais.
Le choc des métaux
Gill construit une seconde version motorisée du coffre, destinée cette fois aux plans dans lesquels l’infernal engin détruit des dizaines de véhicules qu’il percute de front. Cette fois, c’est carrément une semi-remorque qui est camouflé derrière trois parois qui reproduisent les trois faces avant du coffre.
Et pour que les percussions soient encore plus spectaculaires, chaque voiture destinée à être détruite est solidement fixée sur la route, puis débarrassée de son moteur et de tout équipement intérieur.
L’effet le plus glaçant survient à la toute fin de la séquence, quand Toretto décapite le sommet de voitures de police, en tendant le câble d’acier qui relie sa voiture au coffre. Cette scène est assurée en prédécoupant la carlingue des véhicules de police, mais aussi grâce au culot des cascadeurs qui acceptent de (tout simplement) baisser in extremis la tête avant que le câble ne frappe leur véhicule !
Un Oscar pour la cascade !
Depuis le milieu des années 1990, Jack Gill est en première ligne d’un vieux combat mené par ses confrères dans l’industrie du cinéma américain. À ce jour, il n’existe toujours pas d’Oscar dédié aux cascadeurs.
Devant les exploits accomplis sur cette séquence dans Fast & Furious 5, on comprend pourtant qu’outre les prises de risque et les connaissances techniques, ce corps de métier nécessite surtout une grande maitrise de la narration cinématographique: c’est parce qu’il savait comment découper et cadrer son action, que Gill a pu concevoir cette séquence.
Et cette somme de compétences mérite définitivement tout le respect mais aussi tous les honneurs de la profession.
POUR ALLER PLUS LOIN
Jack Gill révèle tout (ou presque) sur les cascades de Fast and Furious 5 dans cet épisode de « Notes on a Screen » de Vanity Fair. Et c’est formidable ! (En v.o. non sous titré)
Le site officiel de Jack Gill comporte quelques chouettes photos de tournage, notamment sur les Fast & Furious et (c’est indispensable) sur la série Sherif, fais-moi peur.
http://www.jackgill.com/
La page de Stunts Unlimited dédiée à Jack Gill. Fondée en 1970, la compagnie Stunts Unlimited regroupe les plus grands cascadeurs d’Hollywood. Elle fut un temps présidée par Jack Gill.
https://stuntsunlimited.com/artist/jack-gill/
Un quart d’heure d’images brutes du tournage de Fast and Furious 5 .
Et pour accompagner votre lecture, le thème musical de Fast and Furious 5, conduit en live par son compositeur, l’énergique Bryan Tyler qui assure une partie des percussions à la batterie.
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