ÉPISODE 9 – Les voix légendaires du Roi Lion
Explorez le cinéma selon vos préférences
Découvrez la toute nouvelle expérience dédiée aux passionnés de cinéma : un moteur de recherche intelligent, des expériences exclusives, des contenus inédits et personnalisés.
Créez gratuitement votre compte pour bénéficier des Privilèges We Love Cinéma!
La scène : Égaré dans son chagrin, Simba reprend confiance en son destin lorsqu’il imagine que son père, assassiné, lui parle à travers les nuages qui surplombent le royaume dont il est le légataire. Une scène clé de deux films d’animation conçus au sein des Walt Disney Studio, en 1994 et 2019.
En collaboration avec le magazine Troiscouleurs, découvrez un métier du cinéma, en explorant les coulisses d’une scène culte. Dans cet épisode on revient sur un dialogue très solennel, porté par deux acteurs de légende : James Earl Jones dans la version originale, et Jean Reno en version française.
_Par Julien Dupuy
Des voix légendaires
Depuis le début du cinéma parlant, les comédiens qui prêtent leur voix aux stars des dessins animés ont endossé une importance capitale dans la popularité de ces personnages. Dès les années 1930, Mae Questel fait sensation en créant le timbre suraigu de Betty Boop et d’Olive, la compagne longiligne du marin Popeye. Quelques années plus tard, Mel Blanc devient une star aux États-Unis, en interprétant les figures de proue des Looney Tunes, parmi lesquels Bugs Bunny, Porky Pig et Daffy Duck. Mae Questel comme Mel Blanc seront d’ailleurs au générique de Qui veut la peau de Roger Rabbit ?, LE film somme du cartoon américain.
En France, le personnage éponyme du film de Robert Zemeckis est interprété par un autre grand nom du doublage : Luq Hamet. Ce comédien fut choisi par le réalisateur américain, suite à son interprétation mémorable de Marty McFly dans la version française de Retour vers le futur, autre film de Robert Zemeckis.
Acteur royal
Dans les années 1990, les studios Disney imposent doucement une nouvelle approche du doublage de dessin animé. Si les comédiens spécialisés dans le genre sont toujours sollicités, les réalisateurs invitent également des acteurs de renom à camper des personnages clé.
C’est ainsi que Robin Williams interprète le génie d’Aladdin lors de sessions d’enregistrement homériques, durant lesquelles le comédien improvise une quantité phénoménale de gags qui seront finalement inclus dans le film. Cette immense réussite pousse le studio à poursuivre dans cette direction avec leur projet suivant, Le Roi Lion.
Les deux cinéastes, Roger Allers et Rob Minkoff, embauchent James Earl Jones dans le rôle de Mufasa, le monarque éclairé du titre. Acteur de théâtre au timbre de voix grave et solennel, James Earl Jones est déjà préposé aux rôles de chefs à cette époque. On l’a vu interpréter un roi dans la comédie Un Prince à New York, l’impitoyable gourou Thulsa Doom dans Conan, le barbare et il avait déjà fait montre de ses talents de doubleur en prêtant sa voix caverneuse à Dark Vador dans La Guerre des étoiles.
Les deux réalisateurs du Roi Lion vont jusqu’à comparer son timbre de voix au rugissement d’un lion et admirent sa capacité à appuyer le caractère très shakespearien du scénario. Ce choix de casting est même si important pour eux, qu’il impose un changement radical dans le film. Les réalisateurs acceptent en effet de supprimer du scénario la chanson « To Be King ». La raison ? Jones s’estime inapte à cet exercice, tout simplement !
Hommes animaux
Dès cette époque, l’influence des comédiens sur les dessins animés ne se limite pas à la seule bande son. Les animateurs calquent une partie de leur animation, et en particulier les mouvements faciaux des personnages, sur des vidéos des comédiens captées durant les enregistrements. L’impact de James Earl Jones sur Mufasa est ainsi tel que, lorsque Jon Favreau se lance dans un remake du film vingt-cinq ans plus tard, il lui apparaît inenvisageable d’offrir ce rôle à un autre comédien.
« C’est une façon pour moi de porter le legs du film original à travers les générations […]. Et le fait que la voix de James ait changé en vingt ans sert mon film : en l’entendant aujourd’hui, on a réellement l’impression d’entendre un roi qui a vécu durant des décennies. » Favreau pousse encore plus loin l’implication des acteurs dans l’interprétation de leurs personnages. Pour certaines scènes clé, il les invite à jouer sur un plateau dénudé, cerné de caméras, et à déclamer leurs répliques en mouvement, avec la pantomime idoine. Charge ensuite aux animateurs d’insuffler cette gestuelle dans les animaux en image de synthèse.
Une nouvelle vocation
En France, le travail de doublage sur les productions américaines est radicalement différent, puisque les comédiens arrivent après que le film est terminé. Ainsi, leur travail consiste moins à construire un personnage, qu’à se fondre dans une création déjà existante.
C’est Jean Reno qui prend la suite de James Earl Jones sur le doublage du Roi Lion, un exercice auquel le comédien est déjà rompu à l’époque : il avait déjà doublé intégralement son personnage du Grand Bleu en français, le film étant tourné initialement en anglais.
Le doublage d’un film étranger est avant tout un impitoyable tour de force technique : il faut respecter le timing des acteurs américains, tout en parvenant à trouver le ton juste. Et l’exercice reste extrêmement physique : la plupart des comédiens de doublage accompagnent leur interprétation de gestes, certains effectuant même quelques pas de course pour se mettre en condition.
L’exercice est donc plus complexe et exigeant qu’il n’y paraît, mais dans le cas de Jean Reno, comme dans celui de James Earl Jones, il sera surtout une immense source de satisfaction. Dans la foulée de la sortie du premier Roi Lion, on retrouvera les deux comédiens aux génériques de plusieurs films d’animation : Atlantide, l’empire perdu et Souris City pour Reno, Casper, l’apprenti fantôme et Robots pour Jones.
Pour aller plus loin
Jean Reno parle des thématiques du Roi Lion et du travail de doubleur pour les films d’animation dans un entretien capté lors de l’avant-première du film.
Une brève interview de James Earl Jones à propos de son rôle de Mufasa dans Le Roi Lion.
Les sessions épiques d’enregistrement des voix anglaises du remake du Roi Lion. La vidéo est en deux parties, James Earl Jones apparaît dans la seconde (en anglais non sous-titré).
La même chose, mais sur le film original, avec un Jeremy Irons étonnant ! en anglais non sous-titré).
L’incroyable Mel Blanc fait le show chez David Letterman (en anglais non sous-titré).
Luq Hamet dévoile les coulisses du doublage.
Une chaine YouTube intégralement consacrée aux grands doubleurs français.
https://www.youtube.com/channel/UCueu1RY9QY0i-GOpPKsXzaA
Une preuve que les sessions de doublage peuvent être très physiques, avec cette vidéo, devenue virale, de Hugh Jackman durant la post production de Logan.
Et si Dark Vador avait été doublé par Arnold Schwarzenegger, et non pas James Earl Jones ?
Explorez le cinéma selon vos préférences
Découvrez la toute nouvelle expérience dédiée aux passionnés de cinéma : un moteur de recherche intelligent, des expériences exclusives, des contenus inédits et personnalisés.
Créez gratuitement votre compte pour bénéficier des Privilèges We Love Cinéma!