Extrême Mambo
Explorez le cinéma selon vos préférences
Découvrez la toute nouvelle expérience dédiée aux passionnés de cinéma : un moteur de recherche intelligent, des expériences exclusives, des contenus inédits et personnalisés.
Créez gratuitement votre compte pour bénéficier des Privilèges We Love Cinéma!
Le budget était serré, le tournage fut compliqué, Jennifer Grey et Patrick Swayze ne pouvaient pas se supporter… Malgré tout, Dirty Dancing devint un hit. Comment cette gentille romance musicale a-t-elle réussi à exploser tous les records, traverser le temps et devenir l’objet d’un culte tenace ? Peut-être parce qu’elle était, avant tout, une œuvre intime et personnelle, un autoportrait de la scénariste Eleanor Bergstein. Un film d’auteur maquillé en bluette et qui finit par devenir un blockbuster.
Par Hugo Saroyan
Extrême Mambo
C’est l’histoire d’une jeune fille qui passe ses étés dans un camp de vacances des Catskills et qui, le soir venu, quand ses parents dorment à poings fermés, s’éclipse pour aller danser lascivement au son du rock’n’roll le plus torride … C’est l’histoire de Dirty Dancing, bien sûr. Mais c’est aussi celle de la scénariste Eleanor Bergstein, qui racontait dans ce petit film fauché devenu mythique sa propre éducation sentimentale. Celle d’une jeune fille de la petite bourgeoisie juive new-yorkaise, dont la culture politique s’était cristallisée grâce à John Fitzgerald Kennedy et Martin Luther King, et pour qui la danse était l’une des manifestations les plus enivrantes du vent nouveau qui soufflait sur l’Amérique de la fin des années cinquante et du début des années soixante. Dirty Dancing était son autoportrait, dans lequel se sont ensuite reconnues des milliers de jeunes filles de par le monde. Mais avant d’exploser le box-office en 1987, puis de tourner en boucle dans les magnétoscopes des années 90, le projet dut surmonter un nombre considérable d’obstacles et d’avanies. Il faillit même ne jamais voir le jour…
Au début des années 80, la romancière et scénariste Eleanor Bergstein, vient de signer le script de C’est ma chance (It’s my turn), une comédie romantique avec Jill Clayburgh et Michael Douglas. Un film plutôt mal reçu (Bergstein a carrément été nommée aux Razzy Awards – les Oscars parodiques, récompensant les « pires films » de l’année) mais qui avait néanmoins pour son auteur valeur de manifeste : le propos du film était ouvertement féministe (comme le sera plus tard celui de Dirty Dancing) et une scène de danse très érotique avait été coupée au montage… C’est dans la foulée de C’est ma chance, lors d’un déjeuner avec la productrice Linda Gottlieb, que va naître Dirty Dancing. Bergstein évoque ce jour-là une idée de scénario sur lequel elle planche, l’histoire de deux sœurs prenant des leçons de danse dans un camp de vacances. Elle pense appeler ça I Was A Teenage Mambo Queen (« J’étais une reine ado du mambo »), ce qui n’emballe pas spécialement son interlocutrice. Puis la conversation dérive, et Bergstein évoque les trophées qu’elle a gagnés quand, lycéenne, elle pratiquait le « dirty dancing ». « Quand j’ai entendu ces mots, racontera plus tard Gottlieb, j’ai laissé tomber ma fourchette. J’ai dit à Eleanor : « Dirty Dancing, voilà un titre à un million de dollars ! » On a commencé immédiatement à réfléchir à ce que pourrait être le film. Johnny Castle (le prof de danse rebelle qui sera incarné par Patrick Swayze) est né au cours de ce déjeuner. »
Eleanor Bergstein se met immédiatement au travail. « Presque tout ce qu’on voit dans le film vient de ma vie, a-t-elle expliqué. Je suis la fille d’un médecin de Brooklyn et, plus jeune, je rêvais de changer le monde. Cette fille, Bébé, c’est un peu moi. Mais j’ai aussi été une championne de danse, donc Johnny, c’est un peu moi aussi ! » La scénariste ressort sa collection de 45 tours et écrit en musique. Persuadée que les chansons sont l’âme du film, elle se battra pour que les tubes vintage qui rythment son script (« Be My Baby », « Do You Love Me », « Love Man »…) soient inclus dans la bande-son. Chaque exemplaire du scénario est d’ailleurs accompagné d’une cassette contenant les différents morceaux du film. Comment résister à une compilation où s’entrechoquent les Ronettes, Solomon Burke et Otis Redding ? Mais la tournée des studios qu’entreprend Linda Gottlieb se transforme en chemin de croix. La productrice essuie pas moins de 43 refus ! Les « dance movies » sont pourtant à la mode depuis les triomphes de La Fièvre du samedi soir et Grease à la fin des années 70. Flashdance, Footloose, Purple Rain, Breakin’ et sa suite Electric Boogaloo… C’est l’avalanche. Mais personne ne veut de Dirty Dancing. Linda Gottlieb raconte : « Ils me disaient : « C’est petit et doux ». C’étaient des hommes, quoi ! Ils ne veulent pas que ce soit petit et doux, ils veulent que ce soit gros et dur ! Ils m’expliquaient que c’était un film de filles, un film historique et un film sur des Juifs. Ce en quoi ils n’avaient pas tort. Mais je le voyais avant tout comme un film très sexy. »
Un temps développé à la MGM (qui finit par changer d’avis), le projet va finalement être récupéré par Vestron Video, une boîte jusqu’alors spécialisée dans la distribution vidéo (un business en plein boom au mitan des années 80) et désormais tentée par la production de films. En 1983, Vestron avait fait une première tentative, plutôt concluante, en co-produisant le making-of du clip de Thriller, de Michael Jackson, et en le commercialisant en K7 – il s’en était vendu 900 000 exemplaires. Vestron Video crée donc Vestron Pictures : la première maison de production fondée par une société de distribution de cassettes vidéo. Les boss de Vestron sont déterminés à se faire une place au soleil dans un monde très compétitif, dominé par les majors, et où tentent de prospérer d’autres indépendants, ou mini-majors emblématiques de l’époque, comme Orion, Carolco, Cannon, ou les productions Dino De Laurentiis. Pour la réalisation, le choix de Linda Gottlieb se porte sur Emile Ardolino, un metteur en scène spécialisé dans la danse, qui vient de remporter l’Oscar du meilleur documentaire pour He Makes Me Feel Like Dancing’, consacré au chorégraphe Jacques d’Amboise. « J’adorais l’époque, j’adorais la musique de l’époque, commentera Ardolino. Je savais que j’allais pouvoir m’exprimer à travers le mouvement et le langage corporel. Mais plus que tout, j’aimais les personnages… C’était une histoire d’amour musicale ancrée dans la réalité. » Gottlieb est persuadée que le réalisateur saura retranscrire la dimension sexuelle du « dirty dancing » : « La danse dans ce film, explique-t-elle, fonctionne comme des préliminaires ». Ardolino : « J’ai appris ce qu’était le dirty dancing en découvrant le script. J’étais assez coincé ! Je voulais que le public ressente ce que c’était que d’être dans ce dancing. On devait ressentir à l’écran à quel point c’était excitant et chargé sexuellement. » Pour ce faire, lui et le chorégraphe Kenny Ortega (qui signera des années plus tard la trilogie High School Musical et This Is It, témoignage posthume sur Michael Jackson) exigent que ce soit les acteurs eux-mêmes qui dansent dans le film – dans Flashdance et Footloose, les comédiens avaient été doublés par des pros. L’autre élément essentiel des numéros musicaux, selon Ardolino, est qu’il s’agit de danse de couples : « Dans Flashdance, seules les femmes dansaient, et seules. Dans Footloose, les gamins ne dansaient pas ensemble. Et l’idée de base de La Fièvre du Samedi Soir, c’est un type qui s’éclate à danser en solo. »
La recherche d’acteurs capable de ressentir et communiquer la charge sensuelle explosive du dirty dancing commence alors. 127 candidates passent le casting pour incarner Frances « Bébé » Houseman, dont Sharon Stone et Sarah Jessica Parker. Kyra Sedgwick est finaliste. Mais c’est l’une des premières candidates à avoir été auditionnée, Jennifer Grey, qui va finalement obtenir le rôle. Grey a d’une certaine manière la danse dans le sang – elle est la fille de Joel Grey, un vétéran de Broadway, oscarisé pour son rôle de maître de cérémonie dans Cabaret, de Bob Fosse. Sa carrière est en pleine ascension : elle vient de jouer la petite sœur de Ferris Bueller dans le hit de John Hughes, La Folle Journée de Ferris Bueller, où elle a révélé son espièglerie. Les producteurs aimeraient qu’elle donne la réplique à Val Kilmer, mais celui-ci n’est pas intéressé par le rôle de Johnny Castle. Pas grave : lorsqu’on fait passer à Jennifer des essais face à Patrick Swayze, la température de la pièce monte d’un cran. L’alchimie érotique entre les deux acteurs est incontestable. « Pas étonnant qu’on ait eu le job ! », rigolera plus tard l’actrice, en découvrant la vidéo de cette audition commune. Grey et Swayze, en réalité, se connaissent déjà : ils étaient tous les deux quelques années plus tôt au générique de L’Aube Rouge de John Millius. Et Swayze a déjà dansé à Broadway avec le père de Jennifer. Au moment où il passe le casting, l’acteur-danseur vient de jouer dans la prestigieuse mini-série Nord et Sud, sur ABC. Mais il n’est pas une star pour autant. Quand Bill Medley, le chanteur du futur tube « The Time of my Life » apprend qu’il va enregistrer la chanson d’un film avec Patrick Swayze et Jennifer Grey, il répond : « Qui ca ? »
Si l’alchimie entre Grey et Swayze est manifeste à l’écran, c’est moins le cas en coulisses. Entre les deux principaux acteurs du film, l’ambiance est tendue. « (Jennifer) était parfois d’humeur bêbête », écrira Patrick Swayze dans son autobiographie, nous forçant à multiplier les prises à cause de ses fous rires. » L’acteur, de son propre aveu, n’a « pas beaucoup de patience quand il s’agit de faire de nombreuses prises. » Linda Gottlieb complète : « Patrick trouvait que Jennifer était une petite nature. Elle était fraîche, naïve. On faisait huit prises et Jennifer jouait d’une manière différente à chaque fois. Patrick, lui, était un pro ; il donnait la même interprétation en boucle. Elle pleurait facilement, elle était émotive et il se moquait un peu d’elle. C’était un macho. » L’un des plans les plus célèbres (et craquants) du film (Bébé explosant de rire à cause d’un geste de Johnny qui la chatouille) est ainsi une prise ratée que le monteur décida d’inclure dans le film – l’exaspération très visible de Swayze à ce moment-là n’est pas feinte du tout. Une autre scène célèbre a elle aussi été tournée sans que les acteurs sachent qu’elle serait dans le montage final : celle où Bébé et Johnny se tournent autour en entonnant un playback sur « Love is Strange » de Mickey & Silvia – à l’origine, Grey et Swayze faisaient juste ça pour s’échauffer avant de tourner. Une preuve que, si l’ambiance était parfois tendue entre les deux acteurs, une vraie complicité artistique existait quand même entre eux.
Doté par Vestron d’un budget très serré de 4,5 millions de dollars (alors que le prix moyen d’un film de studio de l’époque est de 20 millions), Dirty Dancing connaît un tournage mouvementé, où règnent la débrouille et le système D. Les Montagnes Catskils, au nord de New York, étant inaccessibles, le camp de vacances Kellerman est reconstitué à deux endroits différents : au Lake Lure, en Caroline du Nord, et à la Mountain Lake Lodge, en Virginie (qui organise encore aujourd’hui des week-ends Dirty Dancing). Le monteur, encore lui, devra accomplir des prouesses pour raccorder entre elles des scènes tournées dans deux endroits différents. Bien que l’intrigue se passe en été, le tournage a lieu en automne : l’équipe doit repeindre les feuilles des arbres pour que celles-ci soient vertes et fassent illusion. Quant au tournage de la scène où Bébé et Johnny s’entraînent dans le lac, c’est un calvaire pour les comédiens – « il faisait un froid à avoir une hypothermie », dira Swayze. Le tournage dure en tout 44 jours et l’intégralité de la production (y compris les répétitions) est bouclée en trois mois. Tout est mené tambour battant, à l’économie. Swayze va jusqu’à recycler avec « She’s like the wind » une chanson qu’il avait composé pour le film Grandview, USA, tourné quelques années plus tôt, où il donnait la réplique à Jamie Lee Curtis. L’acteur, dans l’ensemble, passe un mauvais moment. Il souffre d’une blessure au genou qui le fait souffrir atrocement et qui transforme chaque scène de danse en épreuve. Quant à LA réplique du film, celle qui lui vaudra un aller direct pour la postérité – « On laisse pas Bébé dans un coin » - elle est l’objet d’une intense lutte de pouvoir entre lui et Eleanor Bergstein. Avec sa femme Lisa, Swayze a en effet passé une bonne partie du tournage à réécrire ses dialogues. « Mais la réplique que je détestais par dessus tout est resté dans la film, confiera-t-il. J’arrivais à peine à dire « Nobody puts Baby in a corner » devant les caméras, ça sonnait tellement ringard. Mais plus tard, en voyant le film, j’ai dû admettre que ça fonctionnait… »
Dirty Dancing sort aux Etats-Unis à l’été 1987 – celui du Flic de Beverly Hills 2 et de Predator, des Incorruptibles et de L’aventure intérieure, de Robocop et de Full Metal Jacket… Vestron choisit de lancer le film le troisième week-end d’août, traditionnellement le moins compétitif. Dirty Dancing affronte Sens Unique, avec Kevin Costner, et Can’t buy me love, une teen comédie avec Patrick Dempsey. Avant ça, le film a du se soumettre au jugement du comité de classification de la Motion Picture Association of America : les deux premières version du film présentées ont écopé d’un R (interdit aux moins de 17 ans non accompagnées d’un adulte), car les scènes d’amour étaient trop explicites. Après quelques coupes, le film devient PG-13 (déconseillé aux moins de 13 ans) – un label indispensable pour toucher le public ado susceptible d’en faire un succès. Linda Gottlieb ne regrette pas trop les coupes. Au don d’elle, elle sait que « les séquences vraiment érotiques sont les scènes de danse. » Jennifer Grey, elle, est soulagée d’apprendre que les passages les plus chauds ont disparu du film, et cite Bette Davis : « Pourquoi demander la lune quand on a les étoiles ? »
Les premières projections test de Dirty Dancing se sont révélées désastreuses, au point que les boss de Vestron Pictures ont un temps envisagé le sortir directement en vidéo. L’ambiance est tendue : la marque Clearasil, sponsor du film, s’est désolidarisée, gênée aux entournures par le fait que le film aborde frontalement la question de l’avortement. Et certains ironisent sur le titre, qui sonne comme celui d’un mauvais porno… Mais après un week-end d’ouverture encourageant (3,9 millions de dollars), le film va devenir le sleeper hit (succès surprise) de la saison, finissant par rapporter 63 millions de dollars sur le territoire US et terminant l’année à la onzième place du box-office, pas très lojn derrière Les Sorcières d’Eastwick et L’Arme Fatale. Mondialement, le film rapporte 150 millions de dollars. Et les ventes de la bande originale s’envolent : 300 000 exemplaires sont vendus dans les quinze jours qui suivent la sortie ! Au fil du temps, le soundtrack de Dirty Dancing deviendra la quatrième B.O. la plus populaire de tous les temps, derrière celles de Bodyguard, La Fièvre du samedi soir et Grease. Dirty Dancing a touché un point sensible. Le film devient un doudou. Son emprise sur la pop culture ne va pas cesser de grandir – à la fin des années 90, dix ans après la sortie du film, 40 000 VHS de Dirty Dancing s’écoulent encore tous les mois ! Les critiques font la moue, les cinéphiles machos roulent des mécaniques et ricanent devant ce film « pour filles ». Mais ceux et celle qui l’aiment, l’aiment à la folie. A quoi tient ce succès ? A son mélange de sonorités sixties et eighties, qui donne l’étrange impression que le film vit dans deux espace-temps différents ? Ou à sa capacité à fondre un message politique franchement progressiste dans une esthétique popu et sans chichi ? Un peu de tout ça sans doute, augmenté du fait que Dirty Dancing ne prend jamais ses spectatrices pour des cruches : c’est un vrai coming-of-age movie féministe. Il n’y est pas seulement question d’un dépucelage symbolique utilisant la danse comme métaphore, d’une fille qui découvre les joies du sexe dans les bras d’un bel étalon. Bébé est un personnage qui sait ce qu’elle veut. C’est elle qui met la main aux fesses de Johnny Castle. Entre elle et son partenaire, l’apprentissage marche dans les deux sens : il lui enseigne la danse, certes, mais elle lui apprendra en retour à s’affranchir de sa honte sociale. Et c’est ensemble à la fin qu’il mène la révolution contre une société archaïque. C’est sans doute l’une des raisons du succès du film. Ça, et le fait que « The Time Of My Life » est une scie méchamment entêtante.
Dans la foulée de ce triomphe planétaire, les dirigeants du studio tentent d’initier une suite, mais Patrick Swayze décline, malgré la promesse d’un cachet de 6 millions de dollars (il n’avait été payé que 200 000 dollars pour le premier). L’acteur préfère tourner avec eux Steel Dawn, un semi-nanar post-apocalyptique. Sans Swayze, ni Grey, Vestron lance alors une série télé Dirty Dancing, sur CBS, dans laquelle Bébé est la fille du directeur de l’hôtel – mais le show est annulé au bout de dix épisodes. Les fortunes des participants de l’aventure seront diverses. C’est bien sûr Swayze qui s’en tire le mieux, confirmant son statut de star et de sex-symbol avec Ghost puis Point Break. Emile Ardolino signe un autre gros hit avec Sister Act mais meurt en 1993, à 50 ans, des suites du SIDA. Eleanor Bergstein n’écrira qu’un seul autre film (Love Dance, une romance musicale avec Jennifer Beals, en 1995), que presque personne n’a vu. Jennifer Grey se fait refaire le nez, ce qui, de son propre aveu, la rendra méconnaissable et torpillera sa carrière – « J’étais célèbre en entrant dans la salle d’opération et j’en suis ressortie anonyme. » Vestron Pictures dépose le bilan en 1992. L’exploitation commerciale de la marque fut quasi systématiquement lamentable, du prequel sorti en 2004 (Dirty Dancing : Havana Nights, avec un cameo de Swayze) au remake télé diffusé sur ABC en 2017. Le film, lui, malgré le temps et les quolibets, n’en finit pas circuler à travers la pop culture, insubmersible. Aux Etats-Unis, on peut acheter des ouvrages savants qui réfléchissent à l’impact esthétique et socio-politique à travers des chapitres intitulés « Féminisme, néo-féminisme et post-féminisme dans Dirty Dancing », « Dirty Dancing et le divertissement reaganien » ou « S’habiller et se déshabiller dans Dirty Dancing : consommation, genre et culture visuelle dans les années 1980 ». Le pas de danse mythique qui clôt le film – le « lift », ou porté – est repris partout, inlassablement : par Vanessa Paradis et Romain Duris dans L’Arnacoeur, Emma Stone et Ryan Gosling dans Crazy Stupid Love. Une tendance qui stupéfie Jennifer Grey : quand l’actrice a participé à l’émission Dancing with the stars, en 2010, les producteurs l’ont supplié de retenter le porté devant les caméras. Ce qu’elle refusa d’autant plus farouchement qu’elle ne l’a fait qu’une seule et unique fois dans sa vie – la scène finale de Dirty Dancing n’avait nécessité qu’une seule prise : « Ne me demandez pas de refaire ça, dit-elle en riant. Je suis trop vieille, merde ! J’ai une famille et je n’ai pas envie de mourir. Je ne comprends pas ces gens qui essayent de rejouer cette scène… Il faut avoir du cran pour se jeter dans les bras de quelqu’un d’autre que Patrick Swayze. »
Pour aller plus loin
The Time of our lives : Dirty Dancing and Popular Culture, Yannis Tzioumakis, 2013
Deconstructing Dirty Dancing, Stephen Lee Naish, 2017
Time of my life, Patrick Swayze et Lisa Niemi, Michel Lafon, 2009
« Dirty Dancing steps back into nostalgia », in Los Angeles Times, Jack Matthews, septembre 1987
« Fairy tale without an ending », in New York Times, Ann Kolson, 17 août 1997
« Dirty Dancing turns 25 : the blockbuster film that almost wasn’t made», huffpost.com, Laura Rowley, 21 août 2012
« Dirty Dancing at 30 : how it nearly fell apart », denofgeek.com, Simon Brew, 3 février 2017
Dirty Dancing, édition spéciale 30ème anniversaire, ESC Editions
Fiche technique
DIRTY DANCING
De Emile Ardolino
Sortie le 23 décembre 1987
Avec Jennifer Grey, Patric Swayze, Jerry Orbach…
1h40
Explorez le cinéma selon vos préférences
Découvrez la toute nouvelle expérience dédiée aux passionnés de cinéma : un moteur de recherche intelligent, des expériences exclusives, des contenus inédits et personnalisés.
Créez gratuitement votre compte pour bénéficier des Privilèges We Love Cinéma!