Il était une fois... Le catch au cinéma
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La sortie évènement du film Iron Claw, succès surprise de l’année dernière aux États-Unis, est l’occasion pour nous de revenir sur la manière singulière dont le cinéma traite ce sport non moins singulier. Grand-guignolesque, hystérique, coloré, autant d’adjectifs qui pourraient convenir pour le définir. La WWE, pour World Wrestling Entertainment, première entreprise de catch au monde, propose au public de ses représentations un univers manichéen, soutenu par des scénarii qu’on pourrait penser sortir tout droit d’un soap opéra, ou d’une émission de confession. Trahisons et révélations scandaleuses sont légion. Les combats en eux-mêmes perdent toute valeur compétitive, puisque les gagnants et les perdants sont toujours désignés à l’avance afin de suivre une trame préétablie. Pourtant, loin de cette image d’Épinal figée dans nos postes depuis plus de quarante ans, le cinéma propose bien souvent de nous présenter l’envers du décor de ces représentations « bigger than life » comme le disent les américains.
A l’origine, la comédie
Si l’on exclut la cohorte de films mexicains où l’on voit lutter des luchadores dans des combats rocambolesques contre des monstres pour la survie de l’humanité, la comédie est le genre phare qui a servi de terrain fertile aux incursions du catch au cinéma. L’un des premiers films majeurs ayant pour toile de fond le catch, The one and only (Carl Reiner, 1978), est une comédie sociale qui suit le destin contrarié d’un comédien raté (interprété par Henry « Fonzy » Wrinkler). Désœuvré, il trouvera dans ce sport haut en couleurs une bouée de sauvetage à sa vie morose et un moyen détourné de vivre de son art. On aperçoit déjà ici les prémices d’une recette qui sera perfectionnée par la suite dans des films plus modernes comme Super Nacho (Jared Hess) en 2006. Jack Black y interprète un orphelin qui se rêve en catcheur mexicain, rêve interdit par le monastère catholique où il a été élevé. Au-delà de la comédie, on remarque dans ces deux films, un fond social très marqué, comme si le traitement de ce sport était indissociable de ces sujets.
Le choc « The Wrestler »
C’est à la fin des années 2000 que le film de catch explosera aux yeux du monde et adoptera sa forme moderne, avec le Lion d’or du film The Wrestler à la mostra de Venise en 2008. Ce film, comme les suivants, adopte une trame déjà bien utilisée par les films de boxe dont les illustres représentants comme les ROCKY ou Raging bull ont dominé notre imaginaire. La recette est toujours sensiblement la même, un personnage principal qui vit dans un milieu défavorisé, avec la rage et l’envie de s’en tirer. Sa seule passion, son seul horizon, la boxe ! A la force de ses poings, dans la sueur et le sang, il prouve aux yeux du monde sa valeur, et finit par s’en sortir. Pour les films de catch, prenez cette simple recette et recopiez là, seulement, cette fois, oubliez la rédemption, oubliez l’ascension social. Nos personnages ne réussissent jamais complètement à vaincre les démons qui les consument.
Regard noir, muscles saillants, veste en cuir, slip moulant, le catcheur a des états d’âme, il vit en caravane. C’est le portrait que nous livre Mickey Roorke pour The Wrestler (Darren Aronofsky, 2008). Alors que l’imaginaire collectif voudrait que les combats soient truqués, nous assistons au spectacle d’un corps meurtri par des années trop intensives de lutte. Même si le résultat est arrangé, même si le but n’est jamais de blesser son adversaire, pour le spectacle, le catcheur doit se mettre en danger et se donner à fond. Le pinacle de cette histoire sera atteint dans un combat d’une rare violence où les protagonistes iront toujours plus loin, ne reculant devant aucune mutilation pour satisfaire un public avide de sang. Le catcheur, cardiaque, finira par se sacrifier sur l’autel de l’Entertainment.
A l’horizon, la famille
Plus récemment, les films de catch ont sondé une autre facette de l’intime, le cercle familial. Dans la comédie Une famille sur le ring (Stephen Merchent 2019), inspirée par la vie de la catcheuse Paige, l’héroïne (Florence Pugh) voit ses rêves de conquête du catch américain, contrariés par ses origines modestes et son foyer anglais fracassé. Ils connaissent la prison, la violence de la rue, et l’alcoolisme. Cet héritage si lourd à porter va la poursuivre tout au long du film et servira de munitions à ses concurrentes américaines pour l’atteindre. Elle utilisera finalement son histoire personnelle pour créer son alter ego sur le ring, et ainsi en faire une force.
Iron Claw, le dernier né des studios A24, va également suivre une trame équivalente. Tiré d’une histoire connue des afficionados, le film nous brosse le portrait d’une dynastie du catch, les Von Erich. Loin des paillettes et du bling bling vendus par la WWE, le spectateur est invité à retourner aux racines de ce sport, à une époque où les matchs n’étaient pas encore arrangés. La famille Von Erich menée par une figure paternelle toute puissante et autoritaire, sera consumée, fils après fils, par la toxicité et l’exigence de ce père à qui on ne peut rien refuser. Le film soulève des questions très modernes comme le poids de la masculinité toxique dans l’éducation des jeunes hommes, et la pression sociale qui en découle.
En ôtant tous ses artifices au spectacle, c’est la figure du catcheur que le cinéma cherche à mettre à nu. Derrière elle un symbole, celui de la faillite du rêve américain. Ce n’est pas anodin si c’est justement un sport emblématique pour sa démesure qui est choisi pour raconter ce type d’histoire. Les films analysés le démontrent bien, ce rêve ne laisse pas toujours derrière lui des destins heureux. Si le cinéma s’est inspiré de ce sport pour en tirer des histoires, il est à noter que plusieurs grandes stars du catch y ont fait des passages remarqués. On peut citer André le géant (Princess Bride) ; Mister T (Rocky III, L’agence tout risque) ; Hulk Hogan, abonné aux navets en tout genre, ou encore The Rock et John Cena, devenus deux supers stars du blockbuster hollywoodien, mais ceci est une autre histoire...
Raphaël Bleines-Ferrari
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