Les Graines du figuier sauvage : un cri de rage contre l’oppression en Iran
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« J'espère de tout mon cœur que l'appareil de l'oppression et de la dictature finira par disparaître de l'Iran. » déclarait Mohammad Rasoulof en mai 2024, lors du 77e Festival de Cannes. La projection de son dernier long-métrage, Les Graines du figuier sauvage, reste l’un des moments les plus marquants de cette 77e édition. Le cinéaste iranien en exil s’est vu récompensé d’un prix spécial du jury pour ce thriller politique d’une grande puissance.
L’implosion d’une cellule familiale
Dans Les Graines du figuier sauvage, Mohammad Rasoulof met en scène une famille iranienne dont les fondations se fissurent. Iman (Misagh Zareh) vit avec sa femme, Najmeh (Soheila Golestani), et leurs deux filles, Rezvan (Mahsa Rostami) et Sana (Setareh Maleki), à Téhéran. Il vient d’être promu juge d’instruction au tribunal révolutionnaire, alors que ses filles soutiennent le mouvement de protestation populaire qui secoue le pays tout entier et que sa femme tente d’adopter un rôle de médiatrice entre ces deux camps qui divisent le foyer. Dans l’intimité de cette cellule familiale, c’est le reflet de toute la société iranienne, mais aussi de l’ensemble des régimes totalitaires qui transparaît.
Si sa nouvelle fonction assure à Iman une élévation sociale, elle implique qu’il signe des condamnations à mort injustes et de plus en plus nombreuses. Le cinéaste iranien donne à observer la déchirure, générationnelle et morale, qui sépare Iman de ses filles, Rezvan et Sana. Les Graines du figuier sauvage évolue sur le fil de la tension entre le père et ses filles, entre le confinement d’un foyer et la révolte qui gronde dans les rues, entre le discours mensonger du gouvernement et les multiples images publiées sur les réseaux sociaux. Peu à peu, les deux jeunes femmes et leur mère se révèlent comme les véritables héroïnes du récit et leur courage, leur détermination résonnent comme un cri de rage, un puissant appel à la liberté.
« Femme, vie, liberté »
Tourné clandestinement, avec des moyens réduits et dans des circonstances difficiles afin d’échapper à la censure, Les Graines du figuier sauvage s’est concrétisé grâce au talent et au courage d’une équipe dévouée. Le long-métrage rend hommage au mouvement « Femme, vie, liberté », initié en Iran suite au meurtre par la police de la jeune Mahsa Amini, en septembre 2022. À bien des égards, ce nouveau film de Mohammad Rasoulof est une pierre à l’édifice de cette insurrection féministe et populaire. Le cinéaste illustre d’ailleurs son récit par de nombreuses images documentaires de manifestations et de répressions policières.
En plus de dénoncer la violence du régime iranien et de délivrer un puissant message de révolte, Les Graines du figuier sauvage témoigne aussi du talent incontestable du cinéaste. La mise en scène parfaitement maîtrisée et le scénario passionnant sont au service d’une tension qui grandit tout au long du récit, jusqu’à s’embraser dans un final inoubliable. À l’image des ruines labyrinthiques qui constituent le décor de la dernière partie du récit, Les Graines du figuier sauvage conte, dans un récit dense, le parcours sinueux d’une famille au milieu du chaos. En naviguant entre le drame et le thriller, en mêlant les convictions intimes et les luttes collectives, Mohammad Rasoulof signe un film aussi brillant qu’important.
Marie Serale | @marie_serale
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